LE FEDERALISTE

revue de politique

Espérer le maintien de l’harmonie entre plusieurs Etats indépendants et voisins, ce serait perdre de vue le cours uniforme des événements humains et aller contre l’experience des siécles.

Hamilton, The Federalist

 

V année, 1963, Numéro 2, Page 152

 

 

L’ACTION-CADRE DEMARRE
 
TEXTES OFFICIELS DE LA CAMPAGNE
 
 
INSTRUCTIONS PRATIQUES
 
Nous n’avons pas publié ces documents dans le but d’informer de l’extérieur, des personnes s’intéressant à notre action en tant que spectateurs, mais dans celui de permettre à tous de connaître dans ses détails l’organisation de la Campagne ; c’est pourquoi nous donnons, pour terminer, quelques instructions pratiques afin que toute personne de bonne volonté, au terme de cette lecture, puisse prendre ses décisions et commencer, de façon concrète, à collaborer sans avoir besoin d’informations ultérieures.
Il s’agit de recueillir, n’importe où et n’importe quand, donc avec une extrême facilité, des signatures d’adhésion à l’Europe, sur la fiche officielle de la Campagne. Toute personne décidée à agir n’a donc qu’à demander au Secrétariat de la Commission de Contrôle pour le Recensement Volontaire du Peuple Fédéral Européen, via Caterina da Forli 22/1, Milano, l’imprimé concernant l’engagement d’observer le règlement et à le restituer signé et accompagné de : a) la demande du nombre de fiches que cette personne pense pouvoir faire signer, du moins dans un premier temps, et du nombre d’affiches qu’elle a l’intention de faire apposer ; b) la modeste somme à avancer sur le prix de ces fiches et de ces affiches (environ 0,50 F pour les premiers tirages). Cette somme sera récupérée au fur et à mesure que seront recueillies les cotisations des adhérents ; c) la somme de 1 F qui représente le prix de la carte délivrée à ceux qui sont chargés de recueillir les adhésions. Toute personne déjà en possession de la copie du règlement devra simplement le renvoyer signé et effectuer uniquement les autres opérations que nous venons de décrire. De toute façon, en raison des difficultés inhérentes au versement de nombreuses petites sommes provenant de pays « étrangers » (comme vous le voyez le Marché commun n’est que l’ombre de la véritable unité européenne) ce paiement devra être effectué sur le compte courant postal du Recensement du Peuple Européen, n. 3/48926, au nom de Sante Granelli, à l’exclusion de tout autre moyen. Cela pourra se faire en Italie, au moyen d’un bulletin de compte courant postal ou d’un mandat, et dans les autres pays, au moyen d’un mandat international. Tant en Italie que dans les autres pays, ce mandat devra porter le numéro du compte courant postal du Recensement du Peuple Européen, et le nom de Sante Granelli.
Il ne nous reste plus désormais qu’à donner quelques conseils pratiques de caractère particulier, sans toutefois vouloir rappeler pour l’instant tous les aspects de l’action du C.P.E.[1] qui peuvent être également appliqués à la Campagne pour le Recensement. Le premier concerne le moyen de rompre la glace. Bien peu de personnes sont habituées à aborder une à une de façon démocratique les personnes connues ou inconnues (comme le faisait Churchill lui-même avec ses électeurs pour leur demander de voter pour lui) dans le but d’obtenir leur adhésion à un idéal social. La meilleure chose à faire est donc de laisser quelques fiches chez ses parents ou chez ses amis les plus intimes et de leur demander de les soumettre, en vue d’une signature éventuelle, à leurs proches et leurs amis. Par la suite il s’agira de contrôler ces opérations, de les limiter bien entendu aux personnes en qui on peut avoir une confiance absolue, et de prendre ses propres responsabilités en contresignant les fiches (en aucun cas, sous peine de voir l’adhésion annulée, les fiches ne devront être contresignées par des personnes non autorisées par la Commission de Contrôle). Pour faciliter ce travail la rédaction de la revue a élaboré un tract de propagande que l’on pourra laisser en même temps que les fiches afin de ne pas soumettre les parents et les amis à des tâches de propagande auxquelles ils peuvent ne pas être préparés.[2]
Le second conseil concerne l’affichage du manifeste portant le mot d’ordre et le symbole de cette campagne. A première vue on peut penser que, si on l’affiche là où l’on ne recueille les adhésions que de façon privée, on tombe dans la contradiction qui consiste à annoncer une action publique qu’en réalité on ne va pas entreprendre, à susciter une attente que l’on ne sera pas en mesure de satisfaire. Par conséquent on peut penser qu’il n’est utile d’afficher le manifeste qu’à l’occasion de vigoureuses actions publiques. Or, si l’on tient compte de la psychologie de l’opinion publique, on doit conclure que cela n’est pas exact, et on peut le démontrer en peu de mots. Le citoyen voit le manifeste, il pense qu’une campagne pour l’Europe est en cours ; mais, même si l’attente d’une action qui le concerne de façon vraiment personnelle peut apparaître tout de suite, elle disparaît vite du fait que son attention se reporte immédiatement sur les problèmes habituels de sa vie. Donc rien à craindre et tout à gagner. Quelque chose reste dans l’âme du citoyen même s’il ne s’en rend pas compte. S’il voit de nouveau le symbole, il lui sera déjà familier, il lui semblera plus « à lui ». Et c’est ainsi qu’au fur et à mesure que le groupe local d’organisateurs se renforcera au point de pouvoir entreprendre de vigoureuses actions publiques, les citoyens s’habitueront à considérer le Recensement comme une chose faisant déjà partie de leur propre expérience. Encore une observation. En affichant le manifeste on obtient, de façon peut-être plus efficace qu’à travers la conférence ou le communiqué de presse, un résultat très important : on informe les citoyens du fait que la campagne existe.
Le troisième conseil concerne l’intensité de l’adhésion de chaque citoyen. L’un des éléments fondamentaux qui pourront soutenir la Campagne consiste, comme nous l’avons déjà dit, à faire comprendre que dans l’Europe on trouve une nouvelle patrie et que l’on retrouve aussi les vieilles patries à demi perdues. Or il est évident que les mots à eux seuls, quel que soit leur nombre, ne peuvent pas produire cet état d’âme. Probablement l’erreur qu’ont commise nos amis de Francfort a été justement de croire que grâce à un texte plus long et plus solennel que celui de la fiche pour l’adhésion, on pouvait, dès le début, et rien qu’avec des mots, créer cet état d’âme. Celui-ci ne pourra résulter, en réalité, que du renforcement de la Campagne et de la lutte fédéraliste elle-même. Toutefois, on pourra peut-être dès le début intensifier l’adhésion par des moyens émotifs si l’on arrive à convaincre ceux qui y adhèrent à porter, soit à leur boutonnière, soit sur leur voiture, un insigne symbolisant le Recensement. L’insigne est quelque chose de distinctif, c’est un moyen de « faire partie » qui peut transformer l’adhésion, et, d’acte momentané et facilement oublié qu’elle pouvait être, en faire un état permanent, une façon d’être. Etre déjà européen, être le témoignage de la nouvelle patrie.
Il ne sera peut-être pas facile de convaincre dès maintenant beaucoup de gens à porter cet insigne, mais il est certain que cela deviendra de plus en plus facile à mesure que la Campagne se renforcera, et dans ce cas les avantages seront immenses. Que l’on pense à une ville où l’on commencerait à voir des personnes et des voitures arborant cet insigne, et l’on se rendra compte qu’à travers cette adoption de son symbole par des citoyens, la Campagne pourrait vraiment devenir l’image visible de la future patrie européenne, et que sa force d’attraction s’en trouverait augmentée d’autant (il suffit de penser à l’effet que ferait sur les hommes politiques, sur les journalistes et sur les personnalités, la présence dans une ville d’un grand nombre de personnes portant l’insigne). Si tout ceci semble vrai, alors il faudrait d’ores et déjà, même en se contentant de modestes résultats, prendre l’habitude d’offrir l’insigne à ceux qui adhèrent à la Campagne. Et ce parce que si l’on lance la Campagne pour recueillir les adhésions sans offrir l’insigne, il sera fort difficile d’introduire cette habitude par la suite. Il est en effet bien ardu de modifier les choses une fois qu’elles sont solidement établies.[3]
Et maintenant la parole est au lecteur. Nous avons fait tout notre possible pour offrir à tous les hommes de bonne volonté un instrument leur permettant d’agir, et nous continuerons à faire tout notre possible pour alimenter et pour renforcer cette Campagne. Mais les autres seulement, et tout d’abord toi qui lis ce texte, feront en sorte, par leur action ou par leur inaction, que nous ayons vraiment réussi à faire quelque chose d’utile. Il est certain que les débuts seront très difficiles, ce sera une espèce de marche dans le désert. La Campagne (nous en sommes conscients et l’avons dit maintes fois) n’aura aucune force d’attraction tant que le nombre des adhésions ne sera pas très élevé. Au début elle ne s’appuiera que sur la bonne volonté d’un très petit nombre de personnes. A tous les groupes d’Autonomie Fédéraliste de les chercher, en s’adressant à toutes les organisations dans lesquelles ils possèdent des amis, en organisant des conférences au sein du Mouvement ou en dehors de lui (conférences au cours desquelles le public sera invité à collaborer, et à l’issue desquelles on prendra contact avec ceux qui auront recueilli cet appel) et par tout autre moyen. A tous les lecteurs de commencer à faire des adhésions. Nous ne pouvons qu’attendre leur réponse. En ce qui concerne personnellement chacun de nous, nous ne manquerons pas de faire pour notre part tout notre devoir.


[1] Nous voudrions seulement rappeler en marge que, comme le firent remarquer de nombreux militants, l’un des problèmes non résolus du C.P.E. consistait à « faire faire quelque chose » à ceux qui avaient voté. Avec le Recensement on peut proposer à tous ceux qui ont voté pour le C.P.E. de prendre l’initiative de recueillir les adhésions de leurs parents et amis.
[2] A notre avis le texte du tract pourrait être le suivant :
« L’unité européenne est la base du développement économique, du progrès des travailleurs et de la paix sociale. Si l’Europe retombait dans les vieilles divisions nationales du passé, elle en retrouverait les malédictions : la guerre et la pauvreté. Un tel danger existe, parce que pour garantir définitivement l’unité économique n’existe pas encore l’unité politique, à savoir la Fédération Européenne.
Pour la faire naître il faut l’imposer aux hommes politiques par un grand mouvement de l’opinion publique. Le premier pas à accomplir dans cette voie est de savoir le nombre de ceux qui la désirent. Tant que l’on ne sait pas que l’on a en commun avec les autres un grand idéal politique, on ne croit même pas aux possibilités de le réaliser, et l’on ne peut pas agir dans ce but.
Adhère toi aussi à l’Europe. Un à un nous formerons la masse de ceux qui la veulent. Au fur et à mesure que nous prendrons conscience de notre nombre et de notre force, nous sentirons de plus en plus que nous sommes en train de constituer un nouveau peuple, le peuple fédéral européen, et quand nous aurons atteint la majorité, personne ne pourra nous empêcher de fonder les Etats-Unis d’Europe ».
La revue se charge d’imprimer ce tract pour le mettre à la disposition de qui le jugera utile. A notre avis il peut constituer un texte de propagande-type destiné aux simples adhérents alors que, le texte adopté à Bâle sous le titre « Présentation officielle de la Campagne » constitue un texte de propagande-type s’adressant plutôt à ceux qui peuvent devenir des organisateurs de la Campagne.
[3] Nous sommes en train d’étudier, à propos de cet insigne, la forme la plus indiquée et le prix le plus convenable. A propos de cet insigne ainsi que du tract de propagande élémentaire destiné au simple adhérent, il convient de faire une remarque de portée générale. Jusqu’à maintenant, ayant surtout à cœur l’examen et la recherche des conditions nous permettant de démarrer, nous avons fatalement laissé dans l’ombre l’étude et la recherche des formes qui pouvaient enrichir la Campagne. L’insigne et le tract constituent — du moins nous l’espérons — des premiers pas dans cette direction et d’ailleurs nous comptons que beaucoup nous donneront d’excellentes idées. De là découle toutefois le problème de l’introduction effective de ces améliorations dans la campagne. Le Recensement est basé sur la discipline la plus rigoureuse en ce qui concerne les éléments essentiels du mécanisme de la Campagne, qui doivent être les mêmes partout afin que celle-ci ne se disperse pas en des courants divergents qui, rendant vains le travail et les sacrifices accomplis par tous, finiraient par la détruire ; mais elle est basée aussi sur la plus grande liberté quant aux façons d’organiser, d’enrichir et d’adapter aux différents milieux ce mécanisme essentiel. Telle est la nature du pacte qui a donné naissance au Recensement. Il en résulte que :
a) les améliorations apportées doivent être telles qu’elles n’altèrent pas le mécanisme essentiel de la Campagne ;
b) dans ces limites tous peuvent faire ce qu’ils veulent et par conséquence apporter toutes les améliorations qu’ils jugeront opportunes ;
c) des améliorations d’utilité générale pourront être adoptées par tous, à condition d’avoir été préalablement présentées et approuvées au cours des réunions internationales d’Autonomie Fédéraliste. En ce qui nous concerne nous proposerons à la prochaine ré union l’adoption de l’insigne et du tract de propagande élémentaire pour le simple adhérent.

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