LE FEDERALISTE

revue de politique

 

V année, 1963, Numéro 3, Page 242

 

 

LES PROBLEMES DE L’UNIVERSITE ITALIENNE
(LETTRE DE MONSIEUR L. G.)
 
 
Monsieur le Directeur,
 
Depuis des années je suis un lecteur passionné de la revue Le Fédéraliste dans laquelle j’ai trouvé et je trouve encore un point de vue, une réflexion au sujet des thèmes politiques généraux de l’Europe, une ligne d’action, très utiles pour redonner une signification et une substance à la vie politique des Européens, à leur démocratie et à leurs responsabilités à l’égard du reste du monde. Je peux dire par conséquent que j’adhère de tout cœur à la façon de poser les problèmes adoptée par la revue que vous dirigez.
Toutefois s’il m’est permis d’avancer une observation qui se veut moins une critique qu’une suggestion, je dirai qu’à la méditation sur les thèmes politiques fondamentaux de l’Europe (et à l’élaboration de l’orientation politique générale qui en découle) ne correspondent peut-être pas toujours, dans Le Fédéraliste, une considération et une analyse aussi constantes des institutions et des thèmes sociaux — comme par exemple l’école, les problèmes d’urbanisme et de la spéculation en matière de construction, etc… — qui tout en ne constituant pas en soi les données primordiales de la situation politique européenne, sont cependant sans aucun doute étroitement liés à la division actuelle de l’Europe en Etats nationaux et à la lutte pour la fondation de la Fédération européenne. Je crois que si votre revue prêtait plus d’attention à ces thèmes, elle pourrait voir croître le nombre de ses lecteurs et les rangs de ceux qui ont l’intention d’agir en faveur de l’Assemblée constituante des Etats-Unis d’Europe.
Connaissant directement certains des problèmes qui agitent l’Université italienne, je voudrais faire quelques observations à ce sujet. Ces observations sont, dans leur presque totalité, la reproduction d’un article que j’ai eu l’occasion d’écrire pour un journal d’étudiants de Turin. En substance j’ai tenté d’appliquer à cette question (de façon sommaire et dans la mesure où j’en suis capable) les critères et les positions générales qui sont ceux de votre revue.
Il me semble que les deux points de vue les plus importants selon lesquels on peut évaluer l’efficacité et la fonctionnalité de l’instruction dispensée par l’Université dans une société industrielle évoluée, sont constitués d’une part par les rapports entre l’Université et le développement technologique et économique de la société, d’autre part par les rapports entre la structure des institutions de l’Université et celle de l’Etat. Bien que ces deux points de vue correspondent à des données qui en réalité sont mêlées, il est utile de les distinguer car elles mettent en lumière deux aspects différents et fondamentaux de l’instruction dispensée par l’Université. Si l’on se place au premier point de vue, on peut évaluer dans quelle mesure l’Université fournit les cadres supérieurs des forces de travail et un rythme de recherche scientifique adaptés au développement économique de la société. Si l’on se place au deuxième point de vue, on peut voir si dans l’Université existe ou non une substantielle liberté de pensée, de recherche et d’enseignement, ce qui constitue le stimulant irremplaçable pour la science et pour la culture.
Essayons, en jetant un regard très général sur l’Université italienne, de lui appliquer ces deux points de vue. En ce qui concerne les rapports entre l’instruction universitaire et le développement technologique et économique, les déficiences dans la structure de l’Université italienne sont bien connues, surtout grâce à l’enquête minutieuse menée par la SVIMEZ sous la direction de l’ingénieur Martinoli. On a calculé qu’en 1975 un développement normal de la situation économico-sociale, avec les variations qui en découlent dans les répartitions des forces de travail, dues à la diminution progressive de l’utilisation du travail manuel et à l’accroissement de l’utilisation du travail qualifié, technique, et des cadres supérieurs, demandera un nombre de licenciés ou de diplômés (à un niveau dépassant celui du secondaire) d’environ 90.000 par an, contre les 25.000 qui sortent actuellement chaque année de l’Université. Cette grave carence du nombre de diplômés répondant aux exigences du développement économique pourra se transformer en un véritable étranglement de l’économie italienne. A cet état de choses contribue également le manque d’efficacité de l’Université, qui conduit au résultat final 50% environ des étudiants qui s’inscrivent à ses Facultés. Ce dernier aspect du problème est étroitement lié à la rigidité du curriculum universitaire : les jeunes gens qui s’inscrivent à l’Université n’ont la possibilité d’arriver à la licence qu’après avoir reçu un enseignement théorique qui dure de 4 à 6 ans (résultat : la moitié se perd en route), alors que l’organisation économique de la société moderne requerrait un grand nombre de jeunes gens pourvus d’une instruction supérieure à la moyenne, mais pas nécessairement du niveau d’une licence ou d’un doctorat, et ayant un caractère professionnel et de spécialisation. A cet égard il faut louer la récente proposition avancée par la Commission d’enquête sur l’état et le développement de l’Instruction Publique en Italie, qui voudrait organiser en trois degrés l’instruction supérieure : un premier degré (diplôme) à caractère exclusivement professionnel, un second degré (licence ou doctorat) à caractère scientifique et professionnel en même temps, et un troisième degré (doctorat de recherche) à caractère exclusivement scientifique.
A l’insuffisance des docteurs sortis de, l’Université correspond une insuffisance des professeurs d’Université et une insuffisance des fonds alloués à la recherche scientifique. Au cours de l’année académique 1961-1962, le rapport professeurs/étudiants était de 1/44,8, en comptant aussi bien les professeurs titulaires que les chargés de cours, alors que le rapport assistants/étudiants, compte tenu des assistants titulaires, était de 1/79,1. Si nous pensons que les rapports satisfaisants sont d’environ 1/25 et 1/15, il faudrait doubler le nombre des professeurs et quintupler celui des assistants. (Ces données proviennent des recommandations rédigées par les Associations de chargés de cours, d’assistants et d’étudiants, publiées dans la revue Tribuna Universitaria, 1963, n. 3).
Les enquêteurs de la SVIMEZ, ont calculé qu’en 1975, sur la base d’un rapport global professeurs/étudiants de 1/10, y compris les professeurs titulaires, les chargés de cours et les assistants titulaires, il faudrait 40.000 enseignants contre les 9.988 en service au cours de l’année académique 1961-1962. Pour arriver à ce résultat optimum il faudrait chaque année augmenter les effectifs de 300 nouveaux professeurs titulaires, de 400 chargés de cours (ou agrégés) et de 2.000 assistants. En ce qui concerne la recherche scientifique il suffit d’observer que la part du budget national jugée nécessaire est, dans les pays occidentaux, de 2%. Si l’on adopte ce pourcentage, la somme globale investie chaque année devrait être en Italie d’environ 300 milliards au lieu des quelques dizaines de milliards prévues actuellement. En particulier, l’Etat devrait augmenter de façon substantielle les fonds alloués à la recherche scientifique universitaire.
Les raisons de ces carences de l’Université italienne me semblent simples. En substance la structure de l’instruction universitaire en Italie telle qu’elle se présente encore aujourd’hui correspond à une société préindustrielle ou proto-industrielle. Une société de ce genre requiert un nombre relativement faible d’individus munis d’une instruction supérieure, et une articulation minime des cours d’enseignement supérieur. L’industrialisme, même à un degré de développement limité, n’altère pas encore radicalement les divisions de classe, et son fonctionnement nécessite de cadres supérieurs restreints et limités à des fonctions traditionnelles et non pas à des fonctions de spécialistes. Mais l’industrialisme avancé, avec sa production de masse et son perfectionnement toujours plus poussé de la mécanisation et de l’automation des procédés de production, tend à briser les divisions de classe rigides en imposant de plus en plus l’utilisation de personnel qualifié et de cadres techniques et de direction supérieurs, grandement articulés, plutôt que l’utilisation de travailleurs prêtant leur simple force musculaire. Au cours de cette seconde après-guerre, en vertu de l’unité de l’économie des six pays de la CEE, l’économie italienne s’est insérée dans un grand marché qui permet la production de masse et l’utilisation des procédés de production les plus avancées, et elle a été orientée, particulièrement dans certains secteurs, vers l’industrialisme le plus évolué. Mais cette nouvelle phase de l’économie italienne, en tant que simple partie de l’économie européenne, exige un nombre toujours plus grand et toujours plus articulé de fonctions à haut niveau dans le processus de production. D’où la situation radicale de crise de la vieille structure de l’Université italienne, incapable de suivre le rythme du renouvellement et du développement de la production. Comme nous l’avons vu, les dimensions du problème sont très vastes et il ne pourra être tout-à-fait résolu dans le cadre de l’Etat national, même si l’on établit un programme à longue échéance sur une vingtaine d’années. L’industrialisme moderne, fondé sur la production de masse, ne se développe que dans de vastes étendues économiques, bien supérieures à celles des Etats nationaux, et les problèmes qui lui sont liés, et qui consistent à préparer d’efficaces canaux d’alimentation du processus de production (et, avant tout, l’alimentation en facteur humain), doivent nécessairement être posés dans le cadre unitaire du marché de grandes dimensions. En dernière analyse, c’est au sein de la Fédération européenne que l’on pourra affronter convenablement les dépenses liées à l’instruction en général et à l’instruction supérieure en particulier, et permettant de faire face au développement technologique et économique européen. Toutefois il est certain que même sur le plan purement national, quelques pas en avant vers la rénovation de l’Université italienne dans ce sens peuvent être faits. Il faut donc lutter afin que cet effort soit accompli autant que possible, et pour ne pas laisser la Fédération européenne héritière d’une situation désastreuse.
Adoptons maintenant le second point de vue, c’est-à-dire le point de vue des rapports existant entre la structure des institutions de l’Université et l’Etat. Il nous permet de voir si l’Université peut constituer le centre moteur fondamental de la science et de la culture. Il est évident que les progrès de la science et de la culture sont étroitement conditionnés, particulièrement en ce qui concerne les sciences humaines, mais, en dernière analyse pour les sciences physiques également, à la liberté de pensée, de recherche et d’enseignement. Pour que cette liberté existe sous une forme adéquate dans le milieu universitaire, il faut que l’Université ait une autonomie d’institutions substantielle tant à l’égard de l’Etat qu’à l’égard de puissants groupes sociaux de secteur. L’autonomie de l’Université comprend l’autonomie disciplinaire et didactique. Le premier aspect de l’autonomie de l’Université implique l’usage sans conditions de la part de l’Université des moyens financiers mis à sa disposition, avec la liberté de les répartir à son gré selon les différents secteurs. Le second aspect permet d’engager librement le personnel d’enseignement et de surveiller effectivement tout le personnel afin que chacun accomplisse son propre devoir. Le troisième aspect de l’autonomie universitaire permet, dans des limites minima d’efficacité didactique, de préparer des plans d’étude diversifiés, tant pour répondre aux préférences des étudiants et éventuellement aux exigences de la région dans laquelle se trouve l’Université que pour favoriser la caractérisation et la spécialisation des Facultés des différentes Universités. Une telle autonomie permettrait à l’enseignement et à la recherche universitaire d’adhérer de façon vivante aux exigences de la liberté de la science et de la culture, elle favoriserait une efficacité considérable de l’instruction dispensée par l’Université en permettant d’utiliser de nouvelles méthodes pédagogiques. Elle améliorerait en outre la capacité de l’instruction universitaire de s’adapter aux nouvelles exigences du développement technique et social du monde moderne. La fiction de l’unité et de l’uniformité nationales de la licence ou du doctorat disparaîtrait, faisant place aux diversifications des titres acquis suivant les Universités qui les auraient délivrés, et en fonction de leurs caractères particuliers et de leur différente efficacité didactique.
De ce point de vue la situation de l’Université italienne est encore plus critique que du point de vue des rapports entre Université et développement technologique et économico-social. L’Université italienne souffre gravement du fait que ses institutions dépendent du gouvernement. L’Etat italien, dès son apparition, fut contraint à adopter une structure centralisée, tant en raison du précaire équilibre européen dans lequel il était immergé, qu’en-raison des différences substantielles des situations économico-sociales dont il se composait. Dans le domaine de l’instruction l’intervention de l’Etat fut en outre stimulée par la présence massive de l’Eglise catholique en Italie. Cette situation de dépendance de l’instruction supérieure vis-à-vis de l’Etat fut aggravée encore par la législation fasciste qui est d’ailleurs en partie encore en vigueur aujourd’hui. Tant que les Etats européens conservèrent leur grande puissance, constituant le nœud de l’équilibre politique mondial, l’ingérence de l’Etat dans l’instruction servait à modeler la formation des citoyens, l’orientant vers le culte de l’Etat national et de la puissance de la nation. Maintenant que la puissance des différents Etats européens est en substance définitivement perdue, une institution destinée à l’origine à sauvegarder l’enseignement universitaire de l’ingérence de l’Etat (l’inamovibilité des professeurs titulaires), et surtout la méthode de sélection des professeurs eux-mêmes, aboutissent à la constitution d’une citadelle qui ferme hermétiquement la structure de l’Université aux innovations que nécessite le développement économique et celui de la culture dans le monde contemporain. En raison de la discipline rigide et uniforme de l’Etat, tous ceux, dans le personnel enseignant universitaire, dont le grade est inférieur à celui de professeur titulaire ont un statut plus ou moins précaire ; les professeurs titulaires constituent au contraire une caste d’intouchables qui ne courent pratiquement aucun risque et qui, par conséquent, grâce à cette situation, peuvent ne plus se sentir poussés à persévérer avec ferveur dans la recherche scientifique. Pratiquement ils ont en outre dans le domaine universitaire l’exclusivité des décisions qui ne sont pas de la compétence du gouvernement. C’est pourquoi la sélection du personnel enseignant se fait souvent à travers des échanges et des pressions entre les professeurs titulaires les plus influents, si bien que les avancements dans la carrière universitaire ne correspondent que fort peu, et parfois pas du tout, aux mérites individuels. Cette structure autoritariste tend à transformer les étapes de la carrière universitaire, et même les titres conquis par les étudiants, en des étapes de forme plutôt que de substance. Le fait d’obtenir la « libera docenza » ne constitue souvent qu’un moyen pour élever les tarifs professionnels, et le fait de prendre une licence ne représente souvent que l’acquisition d’un morceau de papier nécessaire pour atteindre tel ou tel but pratique. L’efficace opposition des classes de professeurs titulaires les plus rétrogrades aux récentes propositions d’instituer des rôles pour les professeurs agrégés, de pratiquer le « plein temps » et d’introduire une représentation des chargés de cours, des assistants et des étudiants dans les organismes délibérants universitaires révèle bien la structure autoritariste de l’Université italienne.
Dans ce domaine les perspectives de rénovation se montrent à mon avis très sombres car la crise de l’Université est inextricablement liée à la crise de l’Etat italien. Privé en substance de sa base économique et sociale, laquelle a assumé dans les régions les plus avancées les dimensions européennes des six pays de la CEE, l’Etat national (et en particulier l’Etat national italien) s’appuie en grande partie sur le vide. Ce divorce radical entre les dimensions de la vie réelle et des problèmes fondamentaux économiques, sociaux et politiques des Européens et le cadre politique qui en est resté aux étroites dimensions nationales, produit en général une profonde dégénération et dissolution de la vie publique et, surtout dans le cas des Etats qui conservent encore un remarquable résidu de force, la tendance à centraliser le pouvoir politique dans la tentative de conserver l’Etat national. La dissolution de la vie publique est déjà considérablement avancée en Italie. Sa principale caractéristique consiste dans la formation de catégories fermées qui profitent plus ou moins de la situation et qui finissent paradoxalement par constituer les piliers qui maintiennent debout le pouvoir (privé de bases sociales) de l’Etat. Le corps des « intouchables » de l’Université constitue justement l’une de ces catégories fermées. Si l’on tient compte de ces considérations on voit tout de suite clairement que la rénovation et la moralisation de la vie universitaire (comme d’ailleurs la moralisation de la vie publique et celle de l’administration publique), impliquent sans doute possible, si l’on veut couper le mal à sa racine, le changement radical de l’Etat. Un changement radical de l’Etat ne signifie pas un changement de régime, mais une adaptation du cadre politique aux dimensions de l’intégration économique et sociale de fait ; en d’autres termes, la constitution de la Fédération européenne dans laquelle la politique scolaire serait confiée à des centres de pouvoir différents de ceux qui auraient en main la politique étrangère et la politique militaire. La Fédération n’est certainement pas une panacée permettant d’aboutir immédiatement à une situation optimum, mais elle constitue la condition indispensable pour pouvoir changer radicalement de direction. Cependant il ne faudrait pas déduire de cette conclusion qu’il n’y a absolument rien à faire pour améliorer la situation universitaire à ce point de vue. Il faudra agir au contraire afin que soient introduites toutes les améliorations possibles, tout en ayant nettement conscience du fait que le cadre national n’est pas celui qui permettra la victoire finale. Ce n’est que si l’on adopte cette attitude que l’on ne se retirera pas, déçu et incertain, en face des obstacles insurmontables, mais que l’on pourra et que l’on devra étendre la lutte au terrain adapté à assurer la victoire, le terrain de la construction préalable de la Fédération européenne.
Je voudrais ajouter une dernière observation à cette lettre déjà interminable, et dont je vous prie, Monsieur le Directeur, d’excuser la longueur. Il peut sembler qu’un vaste plan ayant pour but d’augmenter considérablement la formation annuelle des étudiants et le nombre des personnes chargées de l’enseignement, (ce qui implique naturellement une intervention considérable de l’Etat), soit en contradiction avec une autonomie effective de l’Université. Mais cette contradiction n’est qu’apparente si l’on considère une structure politique fédérale. Ce qui importe en effet, c’est que l’instruction ne se trouve pas entre les mains du pouvoir qui dispose de la politique étrangère et de la politique militaire, lequel serait porté à s’en servir à des fins politiques. Dans un Etat fédéral les fonds nécessaires seraient, en règle générale, fournis par les Etats fédérés, sur lesquels ne pèserait plus la charge politique et financière de la politique étrangère et militaire. Cela pourrait facilement être concilié avec le maintien de l’autonomie universitaire. Et même si le gouvernement fédéral devait disposer de larges fonds pour l’école, la structure fédérale constituerait de toute façon un obstacle décisif à son ingérence dans l’instruction.
Je m’excuse encore pour la longueur de cette lettre et vous prie d’agréer, Monsieur le Directeur, mes plus cordiales salutations.
 
L. G.
Milan, le 15 novembre 1963
 
 
Nous avons très volontiers publié cette lettre que nous a envoyée un ami de notre revue. Les problèmes inhérents à l’Université italienne y sont abordés de façon clairvoyante et, bien que l’analyse du cas particulier italien ne puisse pas être étendue dans les mêmes termes aux autres pays européens, elle constitue une intéressante contribution tant à la compréhension du problème de l’école tel qu’il se présente dans l’Etat national, qu’à celle de la signification que la Fédération européenne assumerait à cet égard.
Quant à la remarque que nous fait L.G. au début de sa lettre, à savoir que notre revue s’est jusqu’à maintenant trop peu occupée des questions concernant la société ou présentant beaucoup d’intérêt pour le public (comme l’école justement), qui ne constituent pas les données fondamentales de la situation politique de l’Europe, mais qui y sont indéniablement liées, nous devons reconnaître que cette observation est exacte. Au cours de ces dernières années Le Fédéraliste s’est surtout engagé dans une tentative d’élaborer une ligne politique effective des fédéralistes et une action populaire efficace qui la rende opérante. Cela impliquait une concentration tenace et continuelle sur les problèmes de politique générale de l’Europe et du monde et sur les critères pouvant servir de base à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une action politique fédéraliste, de caractère populaire, dans le cadre européen. Maintenant qu’il nous semble avoir rempli (au niveau de la pensée), la tâche que nous nous étions fixée, notre revue présentera de plus en plus, dans la mesure où cela nous sera possible, des discussions et des analyses des problèmes de la société et de l’Etat concernant la vie quotidienne des Européens et à propos desquels émerge la contradiction fondamentale de la situation européenne, comme par exemple à propos de l’école, de la culture, des autonomies locales, de l’armée, etc…

 

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